Les sorties ciné ne manquent pas en septembre. Si ce mois rime avec rentrée, c’est aussi une période propice aux nouveautés culturelles. De nombreux films et documentaires africains ou liés au monde afro sont maintenant disponibles, en salle ou en DVD. Bien sûr ils méritent tous d’être vus. Certains ont néanmoins particulièrement attirés mon attention.

Les sorties documentaires

Wax in the City

Dès le début de l’été, nombreux ont été les spectateurs à pouvoir apprécier ce film documentaire. À travers plus d’une heure d’images envoûtantes, Flora Coquerel nous fait voyager dans la mode africaine. Mais pas n’importe laquelle. Il s’agit principalement de la mode afropolitaine ; celle qui arbore fièrement le WAX.

Ce tissu, originaire d’Indonésie, a été importé en Europe par les Hollandais. Il s’est ensuite massivement retrouvé dans toute l’Afrique subsaharienne. Avec des couleurs et motifs variés, les pagnes en wax n’ont de cessent de se renouveler. Flora nous emmène à la rencontre de créateurs, stylistes, commerçantes … qui font, façonnent et popularisent ce tissu. Eli Kwame, Youssouf Fofana créateur de Maison Château Rouge ou encore Chayet Chiénin fondatrice de Nothing But the Wax sont de la partie. Ils témoignent tous du lien affectif et historique qu’ils ont avec le wax. En effet, pour de nombreux Afro-descendants il est un symbol visuel de l’Afrique. Ils voyaient leur pères, mères, aînés revêtir leurs vêtements colorés, en Wax. Ils s’en sont inspirés et y ont ajouté leurs styles. Quelque chose de nouveau est né. La mode afropoliataine mêle les codes du monde Hip Hop, Pup ou même Punk. Une nouveauté que Wax In The City sublime. C’est toute la beauté de ce documentaire. Il est bien ancré dans la réalité et l’actualité tout en faisant rêver. Je ne peux que vous le recommander !

Wax In The City est actuellement disponible sur TV5 Monde. Par ailleurs, le film est en tourné mondial et est actuellement projeté lors de soirées événements un peu partout.

 

Ouvrir la Voix (Speak Up)

Ce film documentaire est sorti il y a un an maintenant. À son palmarès, on compte des projections à l’Assemblée Nationale française, des diffusions dans plusieurs villes en France ainsi qu’en Europe. Rien que ça !

Ouvrir la Voix est un film documentaire pensé, réalisé et créé par Amandine Gaye. Agencé sous forme d’entretiens et de témoignages, il livre un aperçu réaliste du ressenti des femmes africaines, afro-descendantes et caribéennes en France et en Belgique. Rapports aux autres, identification en tant que Noire, épanouissement personnel, carrière, sexualité… Les thématiques abordées sont nombreuses. Les propos des participantes sont pertinents, touchants et interpellants. Quels rôles nous forçons-nous à jouer ? Comment se construire soi, quand on est identifié comme appartenant à un groupe aux caractéristiques déjà établies ? Quels regards, attentes, préjugés portons-nous sur la Femme Noire ?

Ouvrir la Voix est exutoire pour de nombreuses femmes et adolescentes. Il met des mots et présentent les expériences et le vécu de milliers de Noires. Par ailleurs, il met le doigt sur des sujets peu abordés dans les communautés afros, en général : la santé et le bien être mental. C’est une œuvre complète. Un documentaire à regarder en famille afin d’ouvrir des discussions sincères. Cela peut aussi servir de support aux enfants comme aux parents. Et si on parlait d’orientation sexuelle en famille !

Ce film documentaire est maintenant disponible en DVD.

 

C’est ce dont il est question dans Rafiki.

 

Rafiki

Ce film réalisé par la Kényane Wanuri Kuhari met en scène deux jeunes femmes qui s’allient d’amitié et d’amour.

Le sysnopsis est le suivant : Ziki et Kena, deux adolescentes en phase de devenir étudiantes tissent des liens intimes et profonds. L’une est colorée, démonstrative et l’autre est moins expressive et observatrice. Comment vont-elles parvenir à faire vivre leur relation dans une société qui impose des rôles précis aux femmes ?
Par ailleurs, leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale. Et leur pères respectifs sont des candidats opposés.

Au delà des questions liées à l’acceptation de l’homosexualité dans les sociétés africaines, le film aborde plusieurs thématiques d’actualité.
Un portrait joyeux, dynamique voire même avant-gardiste de l’Afrique, à travers la ville de Nairobi, y est dressé. Cette capitale est hérigé en ambassadrice des métropoles contemporaines africaines. Quand on pense que Rafiki a été présenté au Festival de Cannes 2018 et qu’il est maintenant disponible au cinéma ; cela met le baume au cœur. En effet, il suffit de penser aux milliers, millions, de personnes qui auront ainsi d’autres visuels de l’Afrique.
On peut aussi remarquer la beauté des plans ainsi que leur enchaînement. On se sent imprégné par les émotions des personnages. Une grande sensualité en ressort.
Enfin, mais pas des moindres, la sexualité féminine, notamment celle des jeunes femmes est au premier plan.

Malgré son succès, le film a jusque là été interdit de diffusion au Kenya. Cela a néanmoins été suspendu du 23 au 30 septembre.

Rafiki est actuellement visible dans les salles de cinéma en France.

 

Les sorties films

L’eau sacrée

L’eau sacrée, sans aucun doute, est un film qui met sous les projecteurs la sexualité des femmes africaines. Je ne tiens pas  à en dire plus que le synopsis, tant il mérite d’être vu. Imaginez vous que ce film documentaire a recu des distinctions dans 14 festivals de cinémas !

L’eau sacrée nous fait découvrir un pan de la culture rwandaise, jusqu’ici peu connu, par la porte du plaisir féminin. En companie de Vestine, personnalité de la radio bien connue au Rwanda, on s’immerge dans la quête du Gukuna.

Si dans la symbolique des films de Bollywood l’eau représente l’érotisme, la sexualité, ici il en est bien question. La légende veut que la reine découvrit une source de plaisir intime, en l’abscence du roi, parti à la guerre. Depuis, c’est une tradition mais aussi une quête qui se perpétue.

Ce film donne véritablement un grand coup dans l’imaginaire collectif occidental. En effet, les femmes africaines sont souvent dépeintes comme soumises, victimes et dénuées de toute forme de plaisir. Quand elles sont sur les écrans occidentaux, c’est souvent en tant qu’esclave sexuelle, prostituée, personne excisée, atteinte du VIH ou encore en situation de mariage forcé. Comme partout, rien n’est tout noir au tout blanc. Les femmes africaines apprennent, entretiennent et développent leur intimité, la connaissance de leur corps et de leur plaisir sexuel. Elles ne sont pas de simples victimes. Et de même, les hommes africains sont à l’écoute et dans la volonté de participer à la jouissance de leur partenaire. Ils ne sont pas les brutes ou félins dépeints.

 

Il est actuellement possible d’assister à des diffusions de l’Eau sacrée.